Cocon d'images, Salon de la Jeune peinture,
photocopie laser, polystyrène, acier,
ø 1,20 m, H 2 m, 1991
Flux d'images, galerie Guislave, encre, papier, aluminium, acier, 2 m x 0,42 m x 0,14 m, longueur: 6 m, 1991
Flux d'images, centre Pompidou, 1991
Package d'images 1, encre, papier, aluminium, acier, 59 cm x 59 cm x 15 cm, 1991
Package d'images 2, encre, papier, aluminium, acier, 59 cm x 59 cm x 25 cm, 1991
Package d'images 3, encre, papier, aluminium, acier, 59 cm x 59 cm x 30 cm, 1991
Package d'images 4, encre, papier, aluminium, acier, 40 cm x 40 cm x 18 cm, 1991
Package d'images 5, encre, papier, aluminium, acier, 40 cm x 40 cm x 10 cm, 1991
Portrait de R, photographie argentique, aluminium, acier, 19 cm x 19 cm x 17 cm, 2000
Portrait de C, photographie argentique, aluminium, acier, 19 cm x 19 cm x 17 cm, 2000
Portrait de F, photographie argentique, aluminium, acier, 19 cm x 19 cm x 17 cm, 2000
Portrait de M, photographie argentique, aluminium, acier, 19 cm x 19 cm x 17 cm, 2000
Portrait de N, photographie argentique, aluminium, acier, 19 cm x 19 cm x 17 cm, 2000
Portrait de J, photographie argentique, aluminium, acier, 19 cm x 19 cm x 17 cm, 2000
Cocon d'images, Flux d'images et Packages d'images sont trois étapes d'un travail sur la représentation de la perception que nous avons des images dans notre univers banal/quotidien. Cocon d'images est un ruban d'images publicitaires puisées dans la presse, travaillées sur ordinateur, reproduites en photocopie laser et collées bout-à-bout et recto-verso sur du polystyrène. Continuum d'images sens dessus-dessous (sans sens de lecture) roulé en pelote autour d'une structure
en acier suspendue au-dessus du sol. À l'extérieur les images (femmes, nourriture) sont douces et domestiques : des appels publicitaires aux sens. Image d'un enfermement domestique, doux et cotonneux, télévisuel et confortable: un cocon. Le visiteur peut y entrer par une ouverture laissée en-dessous et voir l'envers des images grâce à une ouverture ménagée dans le haut de l'objet. À l'intérieur, des gros plans (fragments de matières, d'aliments et d'objets) et, dans un raccourci extrême, les éloignements de l'espace (images de planètes). MW

Texte de Véronique Pittolo dans le catalogue du 42e Salon de la Jeune Peinture

En utilisant les possibilités de l'ordinateur, Monique Wender conçoit ce qu'elle nomme des "objets d'images en 3 dimensions".
Le Cocon, pelote d'images publicitaires retravaillées et aggrandies, procède ainsi de l'art numérique.
Mais c'est aussi un objet de fiction, une sculpture, une installation, chacun y verra ce qu'il veut…
Puisées dans l'abondance et et la banalisation auxquelles nous soumettent
la publicité et les magazines, ces images suscitent un appal aux sens: la nourriture, le corps et le visage féminins, autant d'icônes séduisantes de notre société dominée par les archétypes de la représentation.
Paraître et consommer passivement ce monde doux et confortable que les médias nous offrent à domicile, tel est le constat que l'artiste établit en fabriquant ce Cocon d'images, pelote d'1,20 m de diamètre extérieur autour d'une structure en cercles d'acier suspendue au-dessus du sol.
Baigné dans cet environnement " chaotique " - fragments de matières, d'aliments, d'objets - on se sent protégé malgré soi dans un vertige confortable.
Le Cocon nous enveloppe dans ce reflet d'images indifférenciées issues d'un monde codé et sursaturé de représentation.
Monique Wender parvient à retourner celui-ci comme un gant. À la puissance raccoleuse des médias, elle oppose une multiplicité d'images vidées de leur substance qu'elle nous invite à contempler avec la conscience du leurre.
Pour une fois l'image de synthèse et l'ordinateur ne sont pas réduits à de simples gadgets produisant des trouvailles inattendues. Par la métamorphose dûe
à l'univers numérique, l'artiste annihile la distance et le temps de l'illusion (médiatique), pour nous restituer, notamment à travers les images de planètes,
la patience du rêve et du désœuvrement.

Article de Véronique Pittolo dans Art Press n° 157 avril 1991

[…] Autre temps fort, "L'Art de la Critique": plusieurs jeunes artistes sont présentés par des critiques qui expliquent les raisons de leur choix dans un texte
du catalogue. Outre Thierry Pournin, Yannick Surcouf, Fabrice Hybert et Ulice D.,
le travail de Monique Wender était un des plus intéressants du Salon. Composé d'un ruban d'images publicitaires, son "cocon" est un objet suspendu dont une ouverture par-dessous permet au visiteur d'entrer et de voir sur un même plan des images domestiques et des vues de planètes. Censée susciter les sens
et la contemplation, cette installation requiert les possibilités de l'ordinateur (les images sont digitalisées). Sans dénoncer vraiment la frénésie des représentations médiatiques, Monique Wender développe une écriture d'images qui nous invite
à voir autrement grâce à la manipulation numérique transformant les stéréotypes
de la consommation en nouvelles icônes à contempler.
Expositions
  • Salon de la Jeune Peinture,
    L'art de la critique, Paris, 1991
Flux d'images est composé de continuums d'images sens dessus-dessous,
à l'image de celles imposées en flux continus par notre univers quotidien médiatique. Allant des tons rouges (appels aux sens: images de femmes
et de nourritures) aux tons bleus (gros plans de matières et vues de l'espace) elles fusionnent jusqu'à se vider de leurs sens propre. Alignées le long d'un mur blanc, elles forment une colonnade qui confère une solennité à ces icônes dénuées
de spiritualité. Cette colonnade renvoie à l'espace construit, aux espaces réservés aux images publicitaires, elle met en avant notre relation imposée, qui est
de fascination et d'indifférence. Les images, restituées à travers un voile numérique, s'inscrivent dans la problématique de la représentation et de ses codes. Ce moment de notre époque où l'ordinateur devient notre quotidien, est celui où l'environnement médiatique nous submerge d'informations qui nous arrivent du monde entier sur le même plan. Leur importance devient égale,
les unes chassent les autres. Elles constituent l'interface par laquelle nous vivons
le monde, comme l'analyse Paul Virilio. Pour réaliser ce travail, j'ai collecté des images dans les magazines et je les ai associées par thèmes et par groupes
de trois constituant des bandes verticales. Après la digitalisation par caméra vidéo, dans le processus de travail avec l'ordinateur interviennent le montage, la mise
en couleur, les déformations, les imbrications, la fonte des images les unes dans les autres, l'utilisation du codage en pixels de l'écran et du surcodage en points des impressions à jet d'encre sur papier. L'ordinateur permet d'agir sur l'image dans un temps immédiat. Je procède à deux impressions successives de l'image:
la première, sortie directe de petit format à partir d'une disquette, la deuxième: agrandissement de ce tirage à la dimension voulue. Chaque impression ajoute une texture de points à l'image déjà codée en carrés. Les images finales ont une ressemblance lointaine avec les images sources. Elles sortent transfigurées par ces traitements, enrichies de l'appauvrissement et des transformations subis. MW
Expositions
  • Exemples d'arts électroniques,
    Galerie Ghislave, Paris, 1991
  • 1re Rencontre d'art infographique Art 3000,
    centre Pompidou, Paris, 1991
Les Packages sont des objets tridimentionels qui questionnent la perception des images. Ils se situent dans le domaine du quotidien médiatique. Ce sont des assortiments de fragments d'images de magazines, de rêves publicitaires
et de catalogues d'agences de voyages. Allusion au système de vente par package, manière compacte de faire absorber plus de produits. Assemblages rigides de fragments d'images, où chaque plan est un cadrage dans une image, qui lui-même réserve un cadrage à une autre image. Mise en relation d'images aux contenus
ou connotations opposés, dont les contrastes font surgir des tensions. Violence contenue également dans l'assemblage apparent, brut, rigide, froid des plaques supportant les images, au moyen de tiges filetées et d'écrous. Images-objets, images sans mur, elles se posent n'importe où. Dans ce monde déjà saturé d'images et de représentations du réel, tenter une représentation, être en prise sur son époque, c'est d'abord collecter ces images déjà produites, puis les transformer et les réorganiser en objets où les unes occultent les autres, interrogeant leur statut et le regard du spectateur. Comment les percevons nous dans leur multiplicité, leur immédiateté, leur ubiquité? Nous les recevons dans un mode discontinu (publicité, zapping) par la médiation de la technologie et nous les vivons dans une perception multiplan. MW
Expositions
  • La photographie comme objet,
    Galerie Ghislave, Paris, 1991
  • Au-delà de la photographie (Oltrefoto),
    Musée Ken Damy, Brescia, Urbino, Italie, 1992
  • 2e Rencontre d'art infographique Art 3000,
    Palais de Tokyo, Paris, 1992
Portraits. Dans cette série, j'utilise mon système de Packages d'images pour représenter les personnes que je photographie avec leur univers. Les Portraits se composent de cinq catégories d'images : le portrait, les objets personnels, les objets du travail, la maison et un lieu que la personne aime.
Expositions
  • Jubilée de l'art cybernétique,
    Villa des arts, atelier Nicolas Schöffer, Paris, 2005
  • Rencontres photographiques du 10e,
    galerie Canal Pictures & Art, Paris, 2007